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22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 14:57
Réforme de la Psychiatrie : Une déraison d’Etat (Pétition)
21 février 2011
Par Collectif des 39

Nouvel appel des 39 Contre la Nuit Sécuritaire

 

EXIGEONS le retrait de ce projet loi qui va organiser  le retour au "grand renfermement".

Masqué par une appellation toute séduisante : « Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge», il a été adopté au Conseil des Ministres du 26 janvier 2011, et va être débattu au Parlement au printemps.

 

 

Trente mille personnes ont signé avec nous l’Appel contre La Nuit Sécuritaire, lancé en réaction au discours du président de la République le 2 décembre 2008 qui assimilait la maladie mentale à une supposée dangerosité. À nouveau, le Collectif des 39* en appelle à l’ensemble des citoyens.

 

Ce discours promettait un traitement sécuritaire des malades mentaux.

 

Il a depuis largement pris corps dans la pratique quotidienne : les lieux de soins psychiatriques sont désormais truffés de caméras de surveillance et de chambres d’isolement, des grillages ont été disposés, des protocoles de neutralisation physique des patients ont vu le jour, les préfets empêchent les levées d’internements caducs.

 

Un projet de loi propose aujourd’hui un cadre juridique à cette dérive sécuritaire.

Adopté le 26 janvier 2011 en Conseil des Ministres, il sera discuté au Parlement le 15 mars après un simulacre de concertation.

 

- Dans un vocabulaire relevant du code pénal, il cautionne la défiance à l’égard de citoyens souffrants.

 

- Dans ce dispositif, seul le trouble à l’ordre public est pris en compte.

 

- Il instaure un changement paradigmatique sans précédent : l’institution des « soins » sans consentement en ambulatoire.

 

En effet, le projet de loi n’identifie plus seulement l'hospitalisation comme contraignante, mais les soins eux-mêmes,à l’hôpital comme à l’extérieur, avec le risque majeur de la mise en place d’une surveillance sociale planifiée.

 

Ainsi, pour répondre à l’inquiétude légitime des patients et de leurs familles, ce projet de loi, sous couvert de déstigmatisation, va instituer une logique de dérive sécuritaire induisant un contrôle inédit de la population. Il s’appuie sur un principe de précaution inapproprié.

 

La mystification est totale :

Il ne s’agit pas d’un projet de soins, mais d’un engrenage portant atteinte aux libertés fondamentales dans un état démocratique.

 

Prétendant améliorer « l’accès aux soins » et leur « continuité », ce projet propose uniquement un accès à la contrainte sans limite de durée.Il détourne la fonction des soignants vers une orientation de dénonciation, de rétention, de « soins » sous contraintes et de surveillance.

 

Il impose aux patients d’accepter des « soins » stéréotypés, protocolisés, identiques pour tous. Ils seront sous surveillance, associée à un contrôle de leur dignité : ainsi se met en place une police de l’intime. Il instaure un fichier national, « un casier psychiatrique ? », de toute personne ayant été soumise ne serait-ce qu’une seule fois aux soins sans consentement.

 

Il institue un mensonge en laissant penser que seuls les médicaments psychotropes administrés sous contrainte suffisent à soigner les patients gravement atteints : enfermés chez eux, malgré eux.

 

Une partie des citoyens a été désignée à la vindicte médiatique. Le mot schizophrène, jeté à tort et à travers, en bafouant le secret médical, n’est plus un diagnostic mais une menace, qui accable les malades et leurs familles, effraie jusqu’à leur voisinage.

 

Penser que ce projet de loi va améliorer cette situation est une déraison d’Etat.

 

Bien plus, il risque de s’opposer frontalement à toute réforme sanitaire digne de ce nom, qui aurait pour principes élémentaires de reposer sur une fonction d’accueil, une logique ouverte et déségrégative, des thérapeutiques diversifiées centrées sur le lien relationnel et la confiance, dans la durée.

 

Ce projet va à l’encontre d’une politique de soins psychiatriques respectueuse des libertés, offrant une hospitalité pour la folie au cœur du lien social, qui allierait sécurité publique et soins à la personne.

 

Il institue la défiance envers les professionnels dans une démarche politique analogue à celle appliquée récemment aux magistrats et à la Justice, comme à d’autres professions.

 

- Nous voulons que les budgets subventionnent des soins et non des aménagements carcéraux, la formation des personnels, des effectifs conséquents, pour une conception humaine de l’accueil de la souffrance.

 

- Nous rejetons les réponses démagogiques qui amplifient délibérément l’émotion suscitée par des faits-divers dramatiques. Ces réponses ne font qu’accroître et entretenir la peur de l’autre.

 

- Nous voulons résister, nous opposer, avec une élaboration citoyenne de propositions pour une politique de soins psychiatriques au plus proche des réalités de terrain. La psychiatrie est l’affaire de tous.

Nous soignants, patients, familles, citoyens appelons au retrait immédiat de ce projet de loi.

 

SIGNER LA PETITION : http://www.collectifpsychiatrie.fr/phpPetitions/index.php?petition=8

 

* Le Collectif des 39 s'est constitué le 12 décembre 2008, autour de l'Appel contre La Nuit Sécuritaire signé depuis par près de 30.000 citoyens. Il réunit des professionnels de la psychiatrie tous statuts confondus (en grande majorité), et des personnes du monde de la Culture et des citoyens qui nous ont rejoints.

 

 

 

La liberté peut être aussi thérapeutique

 

La justice, les magistrats, les professionnels du monde judiciaire sont attaqués, dénoncés comme coupables des crimes commis, dénigrés, comme jamais. 

 

L’école, les enseignants, les parents tout autant. 

 

La psychiatrie, les fous, les malades mentaux, les professionnels des soins psychiatriques ne sont pas en reste. 

 

Depuis son arrivée au ministère de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy n’a eu de cesse de mettre en œuvre son obsession : assimiler les malades mentaux à des délinquants. En février 2007, sous la pression de la mobilisation des professionnels, des associations de familles et d’usagers de la psychiatrie, il a retiré cette disposition de sa loi de Prévention de la Délinquance. En promettant qu’il y reviendrait ….

Ce fut chose faite avec son discours, prononcé le 2 décembre 2008 à l’hôpital Érasme d’Antony en tant que Président de la République. L’auteur de l’Éloge de la Folie qui a donné son nom à cet établissement psychiatrique a dû se retourner dans sa tombe. « Les malades mentaux sont, selon ce Président, potentiellement dangereux, voire criminels ». 

 

Depuis ce discours, le grand renfermement a commencé. Augmentation des chambres d’isolement, construction de murs, élévation des grillages, installation de caméras dans les hôpitaux et même dans certains services ! Un budget de 70 millions d’euros a été immédiatement débloqué uniquement pour ces équipements sécuritaires. Les moyens, pour les personnels soignants, pour l’amélioration des conditions d’accueil et de soins attendront.

 

Le pacte républicain qui soutient la séparation des pouvoirs, est rompu : les préfets discréditent les avis des psychiatres, décident contre leur avis.  Si l’hospitalisation protège le patient pour des soins, celle-ci devient un enfermement arbitraire quand le préfet refuse la sortie demandée par le psychiatre.

 

C’est dans ce contexte, dans ce climat délétère et morbide que nous est proposée une modification de la loi de 1990, avec un projet de loi qui donne un cadre juridique à cette dérive sécuritaire.

 

Masqué par une appellation toute séduisante :« Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge», il a été adoptée au Conseil des Ministres du 26  janvier 2011, et va être débattu au Parlement au printemps.

 

Ce texte s’inscrit dans le droit fil du projet sécuritaire de Nicolas Sarkozy. Explicitement énoncé dans l’exposé des motifs : 

 

« Divers événements dramatiques survenus ces derniers temps attestent de la nécessité, 

rappelée par le Président de la République, de mieux encadrer les sorties 

des établissements de santé et d’améliorer la surveillance de certains patients ».

 

Au sécuritaire, s’associent l’objectif strictement gestionnaire qui met le contenu des soins à l’arrière plan, et l’idéologie du principe de précaution appliquée en contre-point des risques encourus par tout un chacun.

 

Dans un vocabulaire relevant du code pénal, il cautionne la défiance  à l’égard de citoyens souffrants. Dans ce dispositif, seul le trouble à l’ordre public est pris en compte. 

 

Ce projet de loi s’inscrit dans une stratégie de communication qui s’appuie sur l’amalgame « fou – dangerosité », utilisant le désarroi des familles, et la peur dans l’opinion publique. Le recours désormais facile à la disqualification des professionnels, et notamment de ceux qui ont développé des logiques de soins ouvertes et déségrégatives,  est sous-jacent dans l’esprit de ce texte, organisé autour de la réduction des soins aux seuls traitements médicamenteux.

 

Le changement prévu par le gouvernement est une modification sans précédent, un bouleversement sociétal sous la parure d’une meilleure gestion de l’accès aux soins. 

 

Au cœur de ce dispositif, un changement paradigmatique sans  précédent : l’institution des « soins » sans consentement en ambulatoire

 

Depuis la loi de 1838,  l'hospitalisation seule pouvait faire l'objet d'une contrainte identifiant les soins à un lieu. Ce projet de loi n'identifie plus l'hospitalisation, mais les soins eux-mêmes à la contrainte, les réduisant à une pure surveillance. L'obligation prend le pas sur le contenu même du soin. Cette dérive vers la surveillance, le contrôle des patients penche dangereusement vers des choix totalitaires, des choix « contrôlitaires ». C'est un lourd tribut : le monde de la psychiatrie, la société française sont-ils prêts à s’y soumettre ? à le payer ? 

 

La mystification est totale : 

Il ne s’agit pas d’un projet de soins, mais d’un engrenage portant atteinte aux libertés fondamentales dans un état démocratique. 

 

Prétendant améliorer « l’accès aux soins » et leur « continuité »,  ce projet propose uniquement un accès à la contrainte sans limite de durée.

 

Il détourne la fonction des soignants vers une orientation de dénonciation, de  rétention, de « soins » sous contraintes et de surveillance.

 

Il impose aux patients d’accepter des « soins » stéréotypés, protocolisés, identiques pour tous. Ils seront sous surveillance, associée à un contrôle de leur dignité : ainsi se met en place une police de l’intime. Il instaure un fichier national, « un casier psychiatrique ? », de toute personne ayant été soumise ne serait-ce qu’une seule fois aux soins sans consentement.

 

Ce projet de loi concerne l’ensemble de la société, pas seulement les malades désignés comme dangereux. L’extension du domaine de la norme, – troubles du comportement, désordres psychiques, dangerosité, troubles affectifs -, fait qu’un tiers de la population  est considéré comme atteinte d’un « trouble psy ». Nous entrons dans l’ère de la « Police Sanitaire », avec en toile de fond la perspective du « bien-être mental pour tous », cette idéologie du  santémentalisme promu par quelques apprentis sorciers.

 

Ce projet de loi se soutient d’une vision simpliste, et s’appuie sur la peur dans l’opinion publique. Il détourne l’opinion en utilisant l’illusion, la tromperie, le  mensonge … et les menaces pour les libertés individuelles. 

  • Illusion pour les familles, qui confrontées à des difficultés majeures pour obtenir le soutien nécessaire et l’assurance de la continuité des soins pour leur proche, espèrent que cette loi va atténuer leur désarroi et leur solitude. Alors que seuls une amélioration de la formation, le développement de soins de proximité pourront permettre de tisser des liens, et pousser des équipes plus attentives et en nombre, à prendre en compte les attentes des familles.
  • Tromperie, car ce que laisse entendre ce projet de loi, c’est qu’une contrainte aux soins, une obligation de soins se réduit à des traitements médicamenteux imposés à domicile ou à l’hôpital. Alors que l’expérience nous apprend que ce n’est qu’au prix d’une disponibilité, d’un travail autour de la fonction d’accueil, s’appuyant sur le lien relationnel, l’établissement progressif d’une confiance réciproque, que la peur peut être atténuée et l’efficacité d’une thérapeutique patiente, longue et diversifiée être obtenue.
  • Mensonge car il s’agit de faire croire à l’opinion publique, qu’avec cette loi, le risque zéro sera possible.  Des dispositions sont prévues obligeant les soignants à dénoncer les manquements aux soins, brisant toute confiance thérapeutique possible, et provoquant  l’intervention de la force publique pour ré-interner un malade. Aveuglés par leur idéologie sécuritaire, les responsables de ce projet de loi ignorent que,  délaissés de toute relation soignante de confiance et acculés à la méfiance qui exacerbe leur sentiment de persécution, certains malades pourraient d’autant plus passer à l’acte.
  • Enfin, menaces sur les libertés individuelles des patients mais aussi quiconque potentiellement confronté à un désordre psychique, affectif, moral, généré par le contexte social, le travail, l’entourage. L’orientation de l’obligation de soins passe ainsi dans les mœurs, dans la banalité du ça va de soi. 

A l'encontre de toute démarche sanitaire, cette loi va devenir un abri "légal" pour la déresponsabilisation des soignants auprès des patients les plus en souffrance.

 

Faute d'améliorer  l’accès aux soins et leur continuité en instaurant un budget spécifique pour la psychiatrie, de corriger la pénurie des effectifs soignants, de transformer la formation de tous les personnels, ce projet propose un accès à la contrainte et une continuité de celle-ci. Il est certainement plus « économique » de contraindre que de créer les conditions dignes et humaines pour soigner.

 

Ce projet de loi esquisse une perspective de normalisation, d’uniformisation et de contrôle, par le biais d’un objectif d’une santé mentale plus proche d’une police sanitaire que respectant la singularité de chaque individu.

 

Mais aussi, il institue la défiance envers les professionnels dans une démarche politique analogue à celle appliquée récemment aux magistrats et à la Justice, comme à d’autres professions.

 

La complexité de la question que pose la folie, la maladie mentale dans la société, la nécessité de l’élaboration d’une politique de soins psychiatriques dignes et respectueux des libertés, qui prenne en compte les besoins des malades, les attentes des familles et le soutien aux professionnels de la psychiatrie, justifient la mise en œuvre d’une immense réflexion dans le pays, à l’échelon local, départemental, régional et national. 

 

Aux réponses démagogiques et précipitées à l’émotion suscitée par des faits divers dramatiques, réponses qui ne font qu’accroître et entretenir la peur de l’autre, nous voulons opposer l’élaboration citoyenne de propositions pour une politique de soins psychiatriques du XXIème siècle au plus proche des réalités de terrain. 


La psychiatrie est l’affaire de tous.

 

À la complexité de l’humain dont la folie est partie intégrante, il n’y a pas de réponses simplistes qui s’appuient sur un scientisme en expansion et des marchands d’illusion. 

 

Le poète nous éclaire avec ces quelques vers :

« Il n’y a pas de chemin, 

Le chemin se fait en marchant. » 

Antonio Machado. 

 

Pour construire ce chemin, à l’aune des enjeux fondamentaux de la démocratie, citoyens, usagers, familles, professionnels, nous voulons une toute autre démarche que celle qui nous est proposée.

 

Nous rejetons totalement ce projet de loi. Nous nous engageons à tout mettre en œuvre pour cette seule exigence, son retrait.

 

 

Le collectif des 39, le 20 février 2011.

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17 février 2011 4 17 /02 /février /2011 08:32

La HALDE et le passé judiciaire : une discrimination par la haute autorité
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Si la HALDE fait l’objet régulièrement de critiques (manque de moyens, utilisations incongrues de sa dotation budgétaire, revirement de décision etc.), il en est une qui n’a pas encore été soulevée et qui pourtant est de taille : la HALDE pratique la discrimination au sein des discriminations….

Ban Public dénonce l’inaction de cette institution et un manquement à ses fonctions.

En 2010, Ban Public était alertée par un de ses adhérents qui subissait de toute évidence une discrimination en raison de son passé judiciaire au sein de son travail (salaire moins élevé, défaut d’augmentation, réflexions et sarcasme quant à son « passif » judiciaire, dénonciations calomnieuses etc.).

Ban Public lui recommandait de saisir la HALDE puisque cette dernière a été instituée pour lutter contre les discriminations.

Ne manquant pas de fournir tous les justificatifs adéquats (contrat de travail, feuilles de paie, pratiques salariales, témoignages etc.), quelle ne fut pas sa surprise de recevoir deux mois après sa saisine, une lettre indiquant :

« Sans contester le sentiment de discrimination que vous exprimez, je dois informer que la situation dont vous faites état ne parait pas constituer une discrimination au sens de la loi. Elle ne relève pas de la compétence de la haute autorité, qui ne peut donner suite à votre réclamation. »

La HALDE pratiquerait-elle donc une discrimination dans ses compétences ?

Le 17 septembre 2010, le requérant, sollicitait de la Présidente un nouvel examen de la demande.

A ce jour, près de quatre mois après cette demande, aucune réponse ne lui a été apportée.

 

• Sur la demande de réexamen

Le requérant ne porte pas la burqa, n’est pas assistante maternelle dans une crèche et son affaire n’est pas médiatisée.

Pour autant, il a les mêmes droits et la HALDE doit réexaminer sa demande.

 

• Sur les arguments avancés

La HALDE prétend qu’elle n’a pas compétence pour instruire sur ce « sentiment de discrimination. »

Elle prétend que la loi ne prévoit pas la discrimination en raison du passé judiciaire.

C’est par une erreur manifeste de connaissance de la loi instituant ses missions que la HALDE a refusé d’instruire cette affaire….

L’article 1 de la loi n°2004-1486 dispose que la haute autorité est compétente pour connaitre de toutes les discriminations prohibées par la loi ou par un engagement international auquel la France est partie.

Si en effet la loi française ne fait pas état explicitement de discrimination liée au passé judiciaire, il n’en demeure pas moins que les engagements internationaux prohibent toute forme de discrimination.

La France est en effet partie tant au Pacte International relatif aux droits civils et politiques de 1966 [i] , de la Convention Européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales [ii], la Charte sociale européenne [iii] et la Charte des droits fondamentaux.

Dans tous ces textes, et notamment ceux à valeur contraignantes (le Pacte et la Convention), il est stipulé que la jouissance des droits et libertés fondamentaux reconnus par ces textes doivent être assurée sans distinction aucune fondée « notamment sur toute autre situation » que celle énumérée.

Dès lors, la HALDE doit reconsidérer l’interprétation de la loi déterminant son champ de compétence. Il résulte de ce texte, de manière implicite mais certaine, que la HALDE est compétente pour connaître des discriminations prévues par ces engagements internationaux.

Aussi, celles liées au passé judiciaire doivent-elles en faire partie. Car elles relèvent du fondement de « toute autre situation » prévue, entre autres, par l’article 14 de la CEDH dont l’application en droit français est directe. Par conséquent, il n’est pas nécessaire que l’article 14 de cette Convention soit expressément repris par une loi nationale pour être applicable en droit français..

L’expression « toute autre situation » indique que dès lors qu’un traitement différencié ou défavorable a lieu il peut être recherché en raison de n’importe quelle situation.

Ainsi lorsqu’il est fait état du passé judiciaire d’une personne, que cette situation est utilisée pour différencier une personne dans un groupe social (dans le cadre du travail notamment), il y a discrimination.

Dès lors, la HALDE s’est déjugée en refusant d’instruire sur la discrimination liée au passé judiciaire.



*
*--------------*


Ban Public dénonce l’attitude de la HALDE quant à la considération du passé judiciaire comme discrimination.

Ban Public exige que la HALDE accomplisse les missions qui lui ont été dévolues par le corps législatif, de manière conforme au droit national et aux engagements internationaux.

Ban Public dénonce les discriminations dont les anciens prisonniers font l’objet, à tous les niveaux de la société.

Ban Public appelle le législateur à légiférer sur le droit à l’oubli.

Ban Public soutient la demande légitime et légale de son adhérent.

Ban Public alerte toutes les autorités compétentes, tous les journalistes, et tous les citoyens pour que cette situation soit dénoncée et qu’il y soit mis fin.



Contact Presse :

Benoît David, Tél : 06 63 08 17 39 

Georgia Bechlivanou-Moreau, Tél : 06 21 86 85 93 

Mail : redaction@banpublic.org


Voir aussi le dossier sur le Bannissement :

http://prison.eu.org/spip.php?article9002

 

__________________________________________

[i] Article. 2 – Sur l’interdiction des discriminations

1. « Les Etats parties au présent Pacte s’engagent à respecter et à garantir à tous les individus se trouvant sur leur territoire et relevant de leur compétence les droits reconnus dans le présent Pacte, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.

2. Les Etats parties au présent Pacte s’engagent à prendre, en accord avec leurs procédures constitutionnelles et avec les dispositions du présent Pacte, les arrangements devant permettre l’adoption de telles mesures d’ordre législatif ou autre, propres à donner effet aux droits reconnus dans le présent Pacte qui ne seraient pas déjà en vigueur. »

3. les Etats parties au présent Pacte s’engagent à :

a) Garantir que toute personne dont les droits et libertés reconnus dans le présent Pacte auront été violés disposera d’un recours utile, alors même que la violation aurait été commise par des personnes agissant dans l’exercice de leurs fonctions officielles ;

b) Garantir que l’autorité compétente, judiciaire, administrative ou législative, ou toute autre autorité compétente selon la législation de l’Etat, statuera sur les droits de la personne qui forme le recours et à développer les possibilités de recours juridictionnel ;

c) Garantir la bonne suite donnée par les autorités compétentes à tout recours qui aura été reconnu justifié.

[ii] Article 14 – Interdiction de discrimination

La jouissance des droits et libertés reconnus dans la présente Convention doit être assurée, sans distinction aucune, fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, la langue, la religion, les opinions politiques ou toutes autres opinions, l’origine nationale ou sociale, l’appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance ou toute autre situation. »

[iii] Partie V- Article E – Non-discrimination

« La jouissance des droits reconnus dans la présente Charte doit être assurée sans distinction aucune fondée notamment sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion, les opinions politiques ou toutes autres opinions, l’ascendance nationale ou l’origine sociale, la santé, l’appartenance à une minorité nationale, la naissance ou toute autre situation. »

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7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 16:37

Incendie dans un bidonville à Ivry : pour le MRAP, l’Etat est le principal responsable de ces drames

Date: Lundi 7 février 2011, 15h39

C’est le jour même où avait lieu la commémoration de la mort de deux petits enfants Roms dans un incendie à Orly, il y a un an, qu’une fois encore le feu dans un  bidonville a fait une victime parmi les Roms migrants.

Hier, à Ivry sur Seine dans le Val de Marne, un incendie dont la cause est pour le moment inconnue, a détruit entièrement les cabanes qui servaient de maisons à une soixantaine de Roms Roumains chassés de leur pays par la misère et  les discriminations. Un homme de 50 ans a trouvé la mort dans ce sinistre.

La Municipalité d’Ivry et les associations de soutien ont apporté leur aide aux familles en détresse. Quant au représentant  de l’ Etat, en la personne d’ un membre du cabinet du Préfet, après une visite de quelques minutes, il a estimé que ces familles étaient en situation irrégulière et que par conséquent l’Etat n’ avait pas à leur venir en aide !

Depuis un an, les incendies de lieu de vie des Roms se multiplient. Quelle qu’en soit la cause matérielle, l’Etat, en refusant à ces familles la possibilité de trouver un emploi, et par conséquent un logement digne, est le principal responsable de ces drames.

Le MRAP s’indigne du mépris et de la stigmatisation entretenus par les propos tenus au plus haut sommet de l’Etat, à  l’encontre de ces populations.

Il exige que soient levées toutes les mesures discriminatoires à l’égard des Roms, citoyens européens à part entière, et en premier lieu  celles  empêchant   l’ accès à l’ emploi.

Il demande que soient tenues à l’échelon départemental, des tables rondes, regroupant des représentants des collectivités locales, des représentants des Roms et de leurs associations de soutien, ainsi que des représentant des  Préfets, afin de faciliter l’insertion et le logement des familles.

Paris, le 7 février 2011.

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6 février 2011 7 06 /02 /février /2011 12:09



Il s'agit d'une chronique clandestine sur la détention, publiée par un détenu condamné à une très longue peine, avec la complicité d'un journaliste au grand dam de l'administration pénitentiaire. Chaque chapitre se termine par une très belle illustration de l'auteur au crayon noir.


Rien ne prédisposait  Laurent Jacqua à passer plus de 23 ans en prison. Il a suffi d'une mauvaise rencontre une nuit avec quatre skins  qui l'agressent à l'arme blanche et tentent de violer sa compagne et de la détention d'une arme. Pour sauver leur peau, Laurent Jacqua tire, en tue un, le second reste paralysé, les deux autres nieront la tentative de viol et l'état de légitime défense de Jacqua. Personne n'entendra sa version des faits. Aux assises il sera jugé comme l'agresseur, lui le petit voyou, face à "des fils de famille" polis, et bien habillés qui ont laissé repousser leurs cheveux, et nient leur passé neo fasciste..Incarcéré à l'âge de 20 ans, Jacqua sera balloté de maisons d'arrêt en centrales .Il déploiera toute son énergie pour se "faire la belle", en profitera pour "braquer", sera repris,participera à des mutineries , finira au mitard pour avoir refusé de subir des fouille humiliantes, où pour s'être évadé. Séropositif, on l'y abandonnera sans traitement, et sans couverture, il sera tabassé. Atteint d'un œdème à la jambe, toujours au mitard, victime d'une hémorragie il restera sans soins. Son transfert à l'hôpital n' interviendra que le lendemain matin. Dans un état critique, c'est menotté à la table d'opération qu'il sera opéré. Jacqua ne pliera jamais devant l'administration pénitentiaire qui tentera de le briser par tous les moyens


Les médias laissent supposer que les QHS dénoncés par Mesrine, Charlie Bauer et Knobelpies n'existeraient plus. Laurent Jacqua nous apprend que seule l'appellation a changé,il s'agit aujourd'hui de Q.I (quartiers intérieurs) où les détenus sont emmurés vivants. 
La description que Jacqua fait de l'univers carcéral,des sévices qu'il subit avec ses compagnons d'infortune démontre magistralement comment la prison, à force de déshumanisation, d'humiliations et de haine, produit des fauves, des récidivistes, et des pathologies mentales

Ce récit d'un parcours de prisonnier, jalonné de révoltes, d'espoirs et de désespoir démonte les postulats sécuritaires considérant que les condamnés à de longues peines devraient être incarcérés à vie et seraient irrécupérables. Laurent Jacqua nous livre là toute son humanité, sa sensibilité,et l'on découvre une belle leçon de courage de la part d'un homme qui tente désespérément au quotidien de conserver sa dignité dans un univers arbitraire.
 Laurent Jacqua au fil de ses lectures et de ses rencontres avec des enseignants qui l'ont aidé dans son parcours scolaire puis universitaire en prison a découvert que les mots  pouvaient être parfois plus percutants qu'une arme tenue par un petit braqueur.
Il se montre lucide sur "l'évolution" de la prison de demain, qu'il voit inféodée comme aux États Unis à des intérêts privés. Selon lui une criminalisation de plus en plus importante de la société conduira nécessairement à la construction exponentielle de prisons et autres Centres Éducatifs Fermés, une belle manne pour les intérêts privés, d'autant que Bouygues est déjà bien placé sur le marché!
A lire absolument...

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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 21:50
 Mayotte: Des enfants isolés au Centre de Rétention administratif

29/01/2011 à 15h06 | - vues | - réactions

Le passage à Mayotte de la Commission Nationale de la Déontologie de la Sécurité (CNDS) fin novembre 2010 a permis de mettre à nu certaines méthodes des forces
de l’ordre dans cette île devenue le 101e département selon la loi française.

Le passage à Mayotte de la Commission Nationale de la Déontologie de la Sécurité (CNDS) fin novembre 2010 a permis de mettre à nu certaines méthodes des forces
de l’ordre dans cette île devenue le 101e département selon la loi française.

Saisine de la CNDS

La CNDS a réalisé une mission en novembre dernier à Mayotte. Cette instance chargée de la surveillance du respect de la déontologie des forces de sécurité a été
créée en 2000 et peut être saisie par tout citoyen victime ou témoin « d’un manquement aux règles de la déontologie » de la part des forces de l’ordre, en signalant les
faits à un parlementaire ou à la Défenseure des Enfants.

En ce qui concerne Mayotte, plusieurs personnes ont été témoins, à leur sens, de plusieurs manquements graves au respect de personnes adultes ou mineures par les
forces de l’ordre dans le cadre de la lutte contre l’immigration dite clandestine. Parmi elle, une femme médecin, Dominique Grassineau avait envoyé via la Défenseure des
Enfants un courrier dans lequel elle dénonçait le sort réservé aux enfants par les forces de l’ordre dans un contexte de course aux chiffres. Elle écrivait dans cette lettre
que s’est procuré la Gazette des Comores : « (…) étant médecin à Mayotte depuis deux ans, je n’ai pu que constater dans ma pratique médicale à l’hôpital public et au
sein d’associations civiles que la politique du chiffre (…) aboutissait à des mises en danger sérieuses et fréquentes pour les personnes Etrangères au Séjour Irrégulier,
et notamment celles des enfants. Alors que de nombreux enfants sont laissés isolés par la reconduite à la frontière de leurs parents, d’autres ont leurs vies mises
directement en jeu par des pratiques peu orthodoxes de la Police Aux Frontières ».

Elle appuyait alors son argumentation sur trois cas précis qu’elle venait de vivre en tant que médecin et bénévole de la CIMADE et de Médecins du Monde.

Des enfants en rétention administrative sans leurs parents, des bébés gazés

Le premier concernait deux bébés gazés lors d’une opération de police le 13 juillet 2010 à Majicavo dans le quartier Dubaï. Pour le deuxième, il s’agissait d’une dizaine
d’enfants âgés de 2 à 7 ans, arrêtés par la gendarmerie « dans une cours fermée, commune à plusieurs domiciles », alors que leurs parents étaient absents et alors
qu’ils étaient gardés par deux mamans, elles aussi arrêtées avec leurs propres enfants. Tous ces enfants, y compris ceux qui étaient isolés, ont été enfermés dans les
locaux tristement célèbres du Centre de Rétention Administratif (CRA) de Pamandzi et y ont dormi une nuit, au mépris des lois françaises et des conventions
internationales sur les mineurs isolés. Ils seront libérés grâce à l’intervention de la CIMADE. Le troisième cas concernait une adolescente retenue au CRA, alors qu’elle
avait été arrêtée seule et sans papier. Malgré ses récriminations et celles des éducateurs de l’Aide Sociale à l’Enfance qui la suivaient, elle fut faussement déclarée
majeure par les agents des forces de l’ordre qui l’avaient interceptée. Elle fut finalement relâchée grâce à l’intervention des bénévoles de la CIMADE.

La préfecture de Mayotte condamnée pour voie de fait

Ce dernier cas est devenu trop fréquent et la CIMADE dénonce régulièrement les arrestations d’adolescents à qui des agents de police attribuent sciemment une date de
naissance erronée pour en faire des adultes ou leur attribue un accompagnateur désigné comme un parent afin de pouvoir les expulser.

C’est ce qui est arrivé au jeune Amirdine*, élève au collège de Kawani et le cas a été porté à la connaissance de la CNDS par la CIMADE et son avocate, Fatima
Ousseni, tellement il est devenu emblématique. Amirdine a été expulsé vers Anjouan, sans ses parents. La CIMADE a dénoncé devant les tribunaux l’illégalité de cette
décision. Le juge a ordonné à la préfecture de le faire revenir. L’association a alors accompagné le père d’Amirdine dans une démarche de plainte contre l’administration
pour espérer faire cesser ces pratiques illégales. La préfecture de Mayotte a été condamnée pour voie de fait. Mais, selon Me Ousseni, depuis lors le père d’Amirdine vit
des moments difficiles car la préfecture tarde à renouveler sa carte de séjour et remet maintenant en cause l’âge de l’adolescent, en prétendant que son acte de
naissance est un faux. Depuis Me Ousseni a obtenu que le juge ordonne à la préfecture de fournir au père un titre de séjour en attendant la fin de la procédure.

Les conclusions de la CNDS sont attendues par les militants associatifs. Pourront-elles expliquer la politique qui conduit des pères de familles à aller chercher dans leurs
maisons des enfants de 2 à 7 ans et à les faire dormir en prison ?

* le nom de l’enfant a été changé

Mahmoud Ibrahime (Correspondant à Mayotte)
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31 janvier 2011 1 31 /01 /janvier /2011 18:39

Centre de Rétention de Palaiseau



Objet: URGENT Centre de Rétention de Palaiseau

URGENT... URGENT...
Un Tunisien et un Egyptien au
CENTRE DE RÉTENTION ADMINISTRATIF DE PALAISEAU 
 
 1 -  Un Ressortissant Tunisien  de 51 ans Khaled LISSILA est   détenu au CRA de Palaiseau depuis le 06 janvier2011
Nous venons d'appeler le Consul Général de Tunisie à Paris, nous lui avons demander d'arrêter IMMEDIATEMENT la collaboration des services consulaires avec les autorités françaises et de ne plus délivrer de Laisser Passer pour d'éventuelles reconduites à la frontière.  
La FTCR a  publié un communiqué le 24 janvier 2011, pour demander l'arrêtt immédiat de toute collaboration des autorités consulaires tunisiennes avec les autorités françaises.(voir ci-dessous).

2 - Un Rressortissant Égyptien HAFEDH Abdallah de 47 ans détenu au CRA de Palaiseau, le Consulat d'Egypte à Paris lui a délivré un Laisser Passer pour quitter le territoire dans vol Paris le Caire, prévu pour demain matin.
 
la F.T.C.R.,  demande au nouveau pouvoir exécutif tunisien issu de la révolution les mesures d'urgence suivantes à prendre sans délais :
1.   L’arrêt  immédiatement de la collaboration des tous les consulats, à la reconduite à la frontière des migrants sans papiers retenus dans les centres de rétention.
2.   Vider les consulats des responsables RCDistes et les neutraliser.
3.     Restituer les propriétés de l’État tunisien comme l’immeuble situé au 36 rue Botzaris à Paris 19ème pour en faire la maison des associations autonomes et démocratiques de l’immigration tunisienne en France.
4.     Libérer les migrants emprisonnés en Tunisie (Tunisiens, Subsaharien et Maghrébins arrêtés ou transférés en Tunisie ).
5.     Abolition des lois anti-immigrés ainsi que la criminalisation des infractions au séjour.

pour la FTCR
Tarek BEN HIBA
président
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18 juillet 2010 7 18 /07 /juillet /2010 11:54
Mort suspecte d'une détenu dans une prison de Marseille

 

Pour une fois une autopsie a été demandée, les morts sont nombreuses en prison mais on en a habituellement que faire faisant passer ça sous silence ou en suicide donc ça méritait d'être relevé

Le parquet de Marseille, qui qualifie la mort de "suspecte", a ordonné une autopsie.



Une enquête a été ouverte à Marseille après la découverte du corps inanimé d'un détenu dans sa cellule de la prison des Baumettes, a-t-on appris samedi 17 juillet de source judiciaire. La victime, un homme de 29 ans, a été retrouvée vendredi sans vie sur son lit. Elle purgeait une peine de sept mois pour des faits de "violences" et de "dégradations".

Le parquet de Marseille, qui qualifie la mort de "suspecte", a ordonné une autopsie qui aura lieu lundi et confié l'enquête aux policiers de la Sécurité publique de Marseille. Les voisins de détention de la victime seront entendus afin de reconstituer le film des événements, précisait-on de source proche de l'enquête

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17 mars 2010 3 17 /03 /mars /2010 23:45
Témoignage : Premier parloir à Gradignan !

Lorsqu’on arrive, on est frappé par l’aspect lugubre de l’établissement, les barreaux des fenêtres sont rouillés et les fenêtres minuscules……………. Les bâtiments donnent l’impression de quelque chose de très vieux, type année 50……………. La couleur n’en parlons pas !!! oscillante entre noire grise et crasse.

Le parking n’étant pas autorisé aux visiteurs, nous sommes obligés de nous garer devant le Chalet bleu (endroit accueillant et franchement réconfortant). Ensuite il y a un parcours d’une quinzaine de minutes à faire pour accéder à l’entrée.

Ils nous préviennent qu’il faut arriver à 12h45 sous peine d’être refoulé mais nous avons dû attendre jusqu’à 13h15 sous la pluie !!!

Une fois qu’ils sont enfin décidés à s’occuper de nous, nous passons un par un devant l’accueil si l’on peut appeler cela un accueil car pas de « bonjour » pas de sourire et encore moins de mot aimable…………….
Nous présentons notre pièce d’identité, elle vérifie, nous donne une clef sans nous préciser quoi que ce soit !!!
Heureusement, les autres visiteurs sont humains eux !!! et se donnent la peine de nous expliquer que nous devons déposer toutes nos affaires entre autre ce qui est métallique car nous serons refoulés !!! dans des casiers.
Nous nous exécutons et nous plaçons dans l’autre file d’attente cette fois-ce cela dure environ 15’.

Ils nous font rentrer dans un tout petit local. Nous sommes bien entassés les uns contre les autres et avec une voix agressive et sans aucune correction, nous appelle par notre nom de famille sans autre préambule…

Voulant passer sous le portique, nous sommes presque insultés car il faut mettre toutes nos affaires sur un tapis détecteurs (sac, veste, chapeau, chaussures,….). Les personnes âgées ne sont pas épargnées même leurs cannes leurs sont prises…….. Nous sommes de nouveau entassés dans une autre pièce encore plus petite que la précédente.
Nous accédons à une cour où nous attendons encore.
Et ceci se reproduira deux fois encore….. Nous montons à l’étage et aidons les personnes handicapés par la canne confisquée à monter les marches……..
A l’étage nous déposons nos sacs de vêtements et devons encore attendre avant d’être placé dans des pièces minuscules, sentant une odeur abominable de tabac et de je ne sais quoi !!!

Ils nous demandent nos noms et appellent ceux que nous sommes venus visiter !!! Et tout cela sans un « bonjour » et avec un manque de respect total pour les détenus !!!
La visite passe très vite………….. Nous ressortons et ils nous oublient dans les escaliers avant la première porte sans aucun endroit où s’asseoir…………. Paradoxe : sur le mur est affichée une « déclaration des droits de l’homme » ?!

Nous ressortons comme nous sommes venus, traités comme des « animaux » et cela m’a même fait pensé à ce qu’avait dû subir les juifs pendant la guerre !!!!

C’est un établissement repoussant de saleté, lugubre où le personnel est lamentable, incorrecte, agressif et suffisant.
Je me suis fait la remarque !!! Mais pour qui se prennent ils ces « matons » ? Et que doivent vivre nos proches sous l’emprise de ces gens ? Mais nous ne devons surtout pas faire de réflexion car ils se vengeraient sur ceux que nous aimons et que nous laissons à regret entre leurs mains…
Je me suis un peu tranquillisée en me disant qu’ils ne devaient pas tous être pareil………

Néanmoins, les visiteurs avec qui nous échangions avaient une image très négative de cet établissement et disaient « c’est normal qu’il y ait autant de suicide, les gens sont humiliés constamment, les placements en cellule des personnes qui n’ont jamais été incarcéré sont faites n’importe comment et bien souvent à « la tête du client » donc non seulement ils vivent une expérience nouvelle et traumatisante, mais sont en grande souffrance à cause des placements très catastrophiques.
J’ai pleuré pendant tout ce moment, mes souffrances sont encore vives après quelques mois !!!

Je ne comprends pas comment l’on peut se dire vivre dans une démocratie lorsqu’on traite des humains ainsi…………………… d’autant qu’il y a un certain nombre de détenus qui ne sont là que « pour faire du chiffre » et pour assouvir le poids d’une rancune face au mal vécu de certains juges (mais cela tout le monde le sait sur Bordeaux … les avocats, les politiques et les autres laissent faire !!)

Le comble c’est que lorsque nous allions rejoindre notre véhicule, il y avait deux flics qui mettaient des PV !!!
Non seulement il n’y a pas d’endroit où se garer autre que ce petit parking mais ils en profitent pour nous verbaliser……………………………..ils sont vraiment au dessous de tout !!!

J’ai eu honte de mon pays, de la façon dont l’on traite des gens qui même s’ils ont fait une erreur n’en sont pas moins des êtres humains et je comprends mieux comment un séjour dans un endroit pareil peut détruire au point de faire d’un honnête homme, un voyou.

Ceci est mon ressenti …………et ma seule expérience………….mais chaque jour je revois ces images et je pense à celui que j’aime et qui essaie de survivre là bas…………………et je suis effrayée……….

Une maman.

http://prison.eu.org/article12366.html

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17 mars 2010 3 17 /03 /mars /2010 22:01
27ème suicide ou mort suspecte connu(e) en détention en 2010
27ème suicide ou mort suspecte connu(e) en détention en 2010

Le nombre de suicides ou de morts suspectes en prison ne diminue pas.
Un suicide ou mort suspecte tous les trois jours en prison,
10 fois plus qu’en milieu libre.

Manquement grave de l’administration pénitentiaire. L’omerta [1] continue sur la réalité des chiffres quant aux conditions et lieu réel du décès.

M.A. Paris - La Santé
Mort suspecte d’un homme le 16 mars 2010


Nous exigeons, les familles et proches exigent la vérité de la part de l’administration pénitentiaire et des autorités judiciaires afin que toute la lumière soit faite sur ces nouveaux décès.

Les familles et proches souhaitent une vraie prise en compte de leurs souffrances et une aide directe de la part de l’administration pénitentiaire.

Les autorités judiciaires doivent assumer toutes leurs responsabilités sur ces nouveaux décès.

27 suicides et morts suspectes connus depuis le 1er janvier 2010
Nous savons que ces chiffres ne reflètent pas la réalité. La création de l’Observatoire des suicides et des morts suspectes sur le site prison.eu.org a permis d’interpeller l’opinion publique.
http://www.prison.eu.org/spip.php?page=rubrique&id_rubrique=68

« L’ensemble des études pointent comme des périodes de particulière vulnérabilité, outre l’entrée en détention, certains moments particuliers :
la période correspondant au jugement ;
le placement au quartier disciplinaire ;
la période postérieure à une tentative de suicide ou à une automutilation. ».
Circulaire du 26 avril 2002 NOR JUSE0240075C sur la Prévention des suicides dans les établissements pénitentiaires.

« Le droit à la vie : il est nécessaire de montrer que l’administration pénitentiaire doit tenir compte de cette obligation dans la mise en place de certaines procédures (quartier disciplinaire, isolement...). ».
Conclusion du 20 octobre 2003 du Rapport de la CNCDH sur les droits de l’homme en prison.

Contact Presse :
Milko Paris, tél. 06 60 17 33 42
mail. redaction@banpublic.org

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  • : Ce blog abordera au fil de l'actualité les dérives de la ligne politique que ce soit ici en France ou dans le monde, les grands médias sont à la solde du pouvoir alors c'est une façon de contre balancer ce pouvoir, fouillez car les articles sont nombreux et les sujets variés et faites moi part de vos observations, créons les débats...
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  • Militante depuis maintenant de nombreuses années pour la paix, contre toutes les injustices de quelques natures, je suis tombée de dedans très jeune, ayant certainement une conscience aiguisée par certains traits de ma personnalité...
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